Il faut, en effet, se rappeler qu’en 1763 il y eut le Traité de Paris qui fermait brutalement aux Canadiens les fenêtres du monde ; il les laissait livrés entièrement à eux-mêmes, sous la menace d’une disparition à brève échéance comme peuple français à moins d’un refus brutal d’accepter les conséquences, à première vue logiques, de leur nouvelle condition. La seule littérature qui leur était permise était une littérature engagée dans toute la force du terme. Les Canadiens faisaient face à une situation sensiblement analogue à celle où vont se retrouver les Français entre 1940 et 1945 ; leur première littérature en sera donc une de résistance. Qu’ils aient trop longtemps conservé cette attitude défensive, allant jusqu’à refuser les transfusions de sang nouveau qui auraient pu les aider dans leur lutte, là n’est pas pour l’instant la question.
On ne peut donc pas reprocher aux deux ou trois générations des lendemains de la cession à l’Angleterre de s’être presque exclusivement confinées à l’éloquence et au journalisme ; et l’on reconnaîtra que ce ne fut pas sans succès, surtout si l’on tient compte des circonstances difficiles dans lesquelles ils se débattaient. Il faut d’abord se rappeler que la Révolution, qui avait secoué le monde, n’avait eu que peu ou pas de répercussion