Une littérature, comme l’Histoire, comme le temps lui-même n’a jamais de point d’arrivée ; elle est, avec la politique et la norme de vie matérielle, l’un des critères de fixation dans l’évolution d’un peuple ou d’une nation. On dit que les peuples ont les gouvernements qu’ils méritent ; et c’est vrai pour la littérature aussi, car l’un et l’autre en sont les produits, même si l’on doit admettre que ce soit sur des plans différents. Mais la politique et la littérature demeurent des arts : l’un, celui de gouverner les peuples ; l’autre, d’exprimer son âme et d’en refléter les comportements. Le degré de perfection qu’elles atteignent à un moment donné est l’un des plus sûrs indices du niveau intellectuel de la nation.
Si donc la littérature est véritablement l’art d’exprimer l’âme d’un peuple, on ne s’étonnera pas que nos premières manifestations littéraires aient été des pamphlets et se soient surtout limitées à des articles publiés dans des journaux de combat.