ment contribuer à l’amélioration sociale de notre peuple. Mais si l’on accepte que dans le monde, seul ce qui paie puisse avoir sa place, on peut déchirer et jeter au feu le patrimoine littéraire humain tout entier ; il resterait toujours à l’homme pour se distraire les romans policiers, la T.S.F. et la télévision, le cinéma américain, les « comics » et autres choses du genre. L’écrivain n’aurait plus aucune utilité, ne fut-ce que comme rédacteur en bon français — ou en une langue élégante quelle qu’elle soit — d’un rapport de réunion du Conseil d’administration de sociétés anonymes. Et encore ! C’est un luxe dont se passent d’ailleurs très bien nos grandes entreprises.
Accepter ce point de vue, ce serait aussi admettre que tout ce par quoi les générations passées sont parvenues jusqu’à nous fut parfaitement inutile. Il en est heureusement un plus grand nombre qui, avec Thierry Maulnier, pensent que la littérature — et tous les arts en général — doive rester comme l’un des témoins de notre époque, l’un des moments de notre civilisation qu’elle fixera pour les siècles à venir. Il en fut ainsi depuis la lointaine Égypte, depuis le tyran Périclès, dont la protection qu’il accorda aux arts et à l’esprit, a fait d’un nom qui aurait pu être odieux, l’un des plus grands de l’humanité. Et c’est ici que le romancier