les accuse de mettre en danger l’unité de leur pays, on fait officiellement grief aux Canadiens de langue française de se trop proclamer Canadiens français. Comme si en nous affirmant intégralement Canadiens français, en faisant valoir à plein notre culture, nous gênions qui que ce soit. Est-ce que, au contraire, cette attitude n’aide pas davantage à l’enrichissement du patrimoine spirituel du Canada ?
Je pense néanmoins que nos écrivains pourraient, appuyés par une critique constructive, surmonter ces obstacles et les autres qui émanent de contingences universelles. C’est que depuis la guerre surtout, l’existence même de la littérature a été remise en question dans presque tous les pays. Dans notre monde contemporain, devenu d’un pragmatisme outrancier, se pose, en effet, la question de l’utilité de la littérature. À cette crise, le Canada n’échappe pas ; elle serait même plus aiguë du seul fait que nous vivons sur un continent voué tout entier au culte de l’utilitarisme ; beaucoup, par exemple, comprennent mal l’acharnement du Canada français à vouloir demeurer lui-même : le français, en Amérique du Nord, leur semble un anachronisme.
Il est évident que si l’on s’en tient au sens strict des mots, la littérature ne peut que très modeste-