sur lequel ils parlaient de notre langage, de nos archaïsmes, tout comme on le fait pour la langue d’un enfant ; on y a substitué des formules plus ouvertes : on a parlé de branche, de rameau, d’arbre transplanté et que sais-je. Cela partait de bonnes intentions ; mais nous devons être les premiers à admettre que nous avons encore des progrès à réaliser dans le seul domaine de la correction de notre langue.
Mais il y a plus. Non seulement nous manquons d’ambiance, non seulement le climat de culture française dans lequel nous vivons n’est ni assez riche ni assez chaud, mais nous nous trouvons de plus handicapés par le problème de la vie à gagner et de la vie à gagner dans un milieu où il nous faut sinon accéder à une autre culture, du moins posséder une autre langue : cette froideur de notre climat culturel se double donc d’une ambiance, étrangère à cette culture, dans laquelle nous sommes continuellement baignés.
Le problème de la vie à gagner est partout un problème difficile ; mais chez nous, parce que nous n’avons pas encore accédé au marché de la littérature universelle, aucun de nos écrivains ne peut vivre de sa plume ; on est écrivain par surcroît ; c’est encore un véritable luxe que d’être écrivain. La littérature ne peut faire vivre son