Médisances de Claude Perrin » ou « Commerce » de Pierre Baillargeon ; encore sur la même frontière ? Claude Perrin est lui aussi un personnage de roman qui nous arrive par une fiction analogue à celle dont se servent tous les romanciers. Perrin, comme Laplante, comme Lepic, ne possède en somme que la vie du roman, la vie que leur prête et leur insuffle l’auteur. Hertel se vante même de les avoir tués ; ils ont donc existé au même titre que d’autres êtres nés de l’imagination d’un écrivain, même si l’intrigue dont ils sont le centre est d’ordre différent, plus intellectuelle que physique ou psychique.
On a l’habitude de mettre en cause la qualité de romancier de Baillargeon ; et pourtant, Baillargeon est certainement le plus stendhalien de tous nos écrivains ; il y a un certain rapprochement à faire entre « Les Médisances de Claude Perrin » ou même « Commerce » et « La vie d’Henri Brulard ». Ces deux livres de Baillargeon ne sont pas des romans au sens conventionnel du terme (au fait, qui a déjà donné du roman une définition qui ait satisfait tout le monde ?) ; mais on concédera que si ce ne sont pas des romans proprement dits, ils sont aussi loin de l’essai et des « Mémoires ». On éprouve parfois l’impression que le refus d’une certaine critique, hélas trop souvent