souhaiter que les êtres fussent tels que les témoins nous les présentent ; que leurs actions soient empreintes de la meme auréole mystique, quelque peu artificielle, qui commande tous leurs gestes. Son optimisme l’empêche peut-être de voir le mal dans le monde ; du moins, il en ennoblit les contours.
Manque de réalisme, alors ? Tout simplement une métaphysique de l’espoir qui nous change des climats de désespérance de tant d’œuvres contemporaines. La naïveté dont sont empreints certains passages vient de la même origine ; on peut même y trouver, malgré l’aboutissement du drame, une certaine contrepartie de la désespérance des romans de Langevin, du climat angoissé de « La Fin des Songes ». Cloutier ne semble pas croire à la méchanceté foncière de l’homme, en l’impossibilité de son salut, ; s’il lui arrive de déchoir, c’est parce que « son individu lui-même a échappé à (son) contrôle ». Il y a en nous des êtres assoiffés de pureté, des êtres assoiffés d’absolu contre lesquels d’autres êtres entrent en lutte pour les étouffer, arrêter leur élan, briser leur action ; mais Cloutier ne pense pas que la victoire doive toujours appartenir aux seconds. Et c’est pour cela qu’à côté du Jean Cherteffe d’« Évadé de la nuit », son François reflète l’optimisme.