mais pour les autres, pour un Camus, par exemple, cette souffrance, apparemment inutile, voire monstrueuse, ne demeure-t-elle pas une manifestation de l’absurdité de la vie ? Et devant les chrétiens eux-mêmes, ne surgit-il pas aussi une foule de problèmes angoissants, fruits de la déchéance de notre nature que le baptême, même s’il efface le péché originel, laisse pantelante et faible, d’une faiblesse que la grâce n’est pas toujours là pour soutenir. Les Livres Saints sont remplis de cris d’angoisse, d’appels au secours devant une impression de solitude et d’isolement, jusqu’au tragique : « Eli, Eli, lamma sabacthani ? » du Calvaire : « Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? »
Il semble donc qu’il doive y avoir pour le romancier catholique d’autres thèmes que celui de la terre qui meurt, du blé qui lève ou celui du jeune homme pauvre qui rencontre la jeune fille riche et finit par l’épouser après mille obstacles surmontés. Dieu est absent du premier roman de Langevin ; mais la désespérance de Cherteffe n’implique-t-elle pas l’impuissance de l’homme livré à lui-même, sa soif d’infini que découvrait Descartes et qui lui servait de base à sa démonstration de l’existence de Dieu ? Il faut savoir gré à Langevin comme à Élie d’avoir traité avec