demeure toute sa vie l’enfant qui n’avait pas su se ressaisir.
Par contre, le Jean Cherteffe d’André Langevin apparaît tout d’abord sous les traits d’un être fort qui ne veut accepter aucun compromis avec l’existence, parce que, dans cette existence, pour lui semblable à une nuit profonde comme l’enfer, il n’y a de bonheur que pour les forts. La première tentative d’évasion de sa nuit, il la verra dans l’affirmation d’une volonté devant laquelle tout devra plier ; cette volonté de puissance s’exercera d’abord sur un être lamentablement déchu qui, jadis, a su l’intéresser dans une œuvre éphémère. Cherteffe voit en Benoît l’incarnation de l’homme qui se refuse à la lutte ; et malgré la faiblesse de ce sujet d’expérience, il échoue ; c’est qu’il n’est pas intrinsèquement fort ; il force sa nature et Benoît dans sa déchéance nous paraît plus humain que l’homme qui s’étudie pour arriver à le dominer.
Cette volonté de puissance, c’est ensuite contre Michèle qu’il veut la pratiquer ; mais il perdra encore à son petit jeu dangereux et, cette fois, ce sera lui le grand vaincu. Il veut broyer cet être sans défense qui s’abandonne, alors que Benoît luttait, et il cherche dans des expériences à se convaincre de l’ampleur de sa faculté de domination : la scène odieuse de la boîte de nuit où il tente de