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LE ROMAN DE L'HOMME


C’est en lui-même que l’homme contemporain veut trouver sa solution ; il continue à se poser les mêmes problèmes, mais il rejette les solutions pascaliennes : depuis Nietzsche, surtout, proclamant la « mort de Dieu », il prétend se suffire à lui-même ; son humanisme est à l’échelle d’un homme réduit à ses trois dimensions ; la quatrième, celle qui implique Dieu, déroute sa raison qui ne se sent pas assez forte pour L’affronter. Son orgueil rationaliste n’est au fond qu’une impuissance qui ne veut s’avouer. Cette recherche de lui-même en lui-même ne le satisfait pas, cependant ; elle ne satisfaisait sans doute pas Pascal non plus qui pourtant y trouvait Dieu ; mais si elle le laissait inquiet, l’inquiétude de Pascal n’avait pas le caractère tragique de celle de l’homme du xxe siècle qui se meut dans un cercle étroit d’où il s’interdit lui-même de sortir.

L’homme de Sartre est sa liberté même et il ne vit qu’en autant qu’il se confond avec elle ;