d’une société où, tout comme dans « Au delà des visages », le principal souci est de sauver la face.
Sirois ne s’est jamais ouvert de l’obsession maladive que Poirier était devenu pour lui. Malade, presque moribond, il se traîne au bureau, hanté qu’il est par la crainte, s’il s’absente, d’être mis à la retraite, comme l’en a menacé Poirier. Il lui a d’ailleurs dit que l’important n’était pas de travailler, mais d’être présent. Il est donc présent dans l’espoir confus, peut-être, de vaincre la patience de son tortionnaire. Mais il succombera ; la flamme interne qui l’anime et qu’entretient l’amour de son enfant, et lui donne, pour cela, toutes les énergies, ne sera pourtant pas assez forte pour le soutenir.
C’est surtout dans l’analyse des états d’âme successifs de Sirois glissant vers la mort, que Giroux se montre un maître. On voit, avec lui, mourir un homme. Il opère en quelque sorte une transposition : les souffrances de Sirois, on les partage, elles nous pénètrent ; on est littéralement plongé dans ce climat de chambre de malade, à l’odeur imprécise d’éther et autres médicaments aux relents moins facilement reconnus. Sa fièvre elle-même, avec ses cauchemars coupés de moments lucides, on la vit littéralement dans ses divers degrés d’intensité. Giroux démêle tous les fils de la