le rend au premier chef responsable du terrible genre d’évasion qu’il a choisi. Toutes ces bonnes gens ne sont peut-être pas foncièrement méchancetés ; elles seraient plutôt ce que Péguy trouvait de pire dans la société : elles sont tout simplement « habituées » ; habituées et résignées à un mode de vie que beaucoup trouvent sans doute médiocre et terre à terre, mais contre lequel le respect humain leur ôte la force de se cabrer ou de lutter. Giroux en fait défiler quelques spécimens, croqués avec une vérité souvent cruelle et dont les portraits décèlent un talent de fin observateur.
C’est dans ce marécage que l’on découvrira le drame intime de Jacques Langlet. Il a tué par dégoût de lui-même et de la femme qui fut l’objet de son péché. Giroux réussit à traiter avec un tact consommé un sujet extrêmement délicat et avec le même succès qu’un Julien Green dans « Moira »[1]. On pourrait longuement épiloguer sur cette coïncidence, cette réaction identique chez les personnages de deux romanciers catholiques placés dans des conditions semblables ; il y a, en effet, une foule de façons de réagir au même fait ; mais le comportement de ces deux obsédés de la chair, qu’ont illustrés Giroux et Green, procède des mê-
- ↑ « Au delà des visages » est antérieur à « Moïra ».