amour innocent avec le même absolu et aussi la même chasteté que renfermerait celui qu’elle aurait porté à un adolescent de son âge. Peu importe d’ailleurs le sujet ; le tout est dans la manière de le traiter pour en extraire l’œuvre d’art que doit être un roman au même titre qu’un tableau, une sculpture, une sonate ou une symphonie ; c’est ce qu’on perd trop souvent de vue dans l’appréciation que l’on donne d’une œuvre littéraire. Et c’est ce qu’a réussi Jacqueline Mabit ; cela devrait nous suffire.
« La Coupe vide » d’Adrienne Choquette est aussi, un peu dans son genre, une fin de la joie. Dans ce roman, passé quasi inaperçu, Madame Choquette affiche pourtant un talent éprouvé de psychologue. Qu’il y ait du conventionnel dans certaines situations, un peu de déploiement théâtral aussi, comme dans la scène de la rencontre des quatre collégiens avec Patricia, ces défauts ne sont pas suffisants pour cacher les réelles qualités de cette œuvre. La romancière réussit à développer un climat atteignant parfois une grande intensité dramatique ; elle conte sans apprêt l’histoire de ces quatre jeunes gens mis soudain en présence d’une femme qui n’est plus l’adolescente pour qui a déjà battu le cœur ; ici, c’est tout l’être qui est ébranlé sans retour, sans rémission, pour-