toutes puériles. Elle a développé, dans ses deux romans parus au Canada, de très belles qualités d’analyste, mises au service d’une langue claire, maîtrisée jusque dans ses moindres nuances. Poétesse par surcroît, elle a laissé libre cours à une inspiration faite de jeunesse et de fraîcheur, surtout dans « Les hommes ont passé » (1947), qui renferme les plus délicieuses descriptions de scènes enfantines qui puissent se rencontrer. Mais son grand roman demeure « La Fin de la Joie » où se trouve décrit avec sobriété et vérité aussi, le drame amoureux même, souvent combien pénible, de l’adolescence studieuse.
Cette fin de la joie que nous présente Jacqueline Mabit, c’est la fin de l’enfance insouciante, avec ses éclats de rire qui sonnent franc comme une résonance de cristal et agacent les adultes qui n’ont plus l’innocence qui en aurait fait saisir toute la grande beauté ; c’est la fin de la joie qui marque le jeune homme et la jeune fille aux prises avec les premiers problèmes de l’adolescence, parmi lesquels l’amour occupe toujours une très large place ; c’est la fin de la grande joie de vivre, dont on ne comprend le tragique que beaucoup plus tard. Que l’amour de Danièle pour Laure soit anormal — car il s’agit bel et bien d’amour — cela importe peu, car Danièle s’est donnée à cet