tance à certaines œuvres ou à certains romanciers et pas assez à d’autres. J’admets, sans chercher à le justifier, que je me suis surtout arrêté aux romanciers des dix dernières années : ces romanciers, à quelques exceptions près, ont fait plus pour conquérir le droit de cité au roman canadien que tous leurs prédécesseurs réunis. On pourra dire aussi que je n’ai pas rendu justice à certains auteurs consacrés, telle Michelle LeNormand, en me bornant à la seule mention de son nom et de quelques-uns de ses titres. Je la tiens pour un écrivain sensible, délicat, rempli de charme et de poésie ; « Autour de la maison » vaut certainement d’être lu. Mais ses romans n’ont rien apporté de neuf ; ils ne nourrissaient aucune inquiétude, tandis que des œuvres comme celles de Charlotte Savary, moins bien écrites sans doute, sont plus intéressantes au strict point de vue du roman.
Peut-on dire, d’un autre côté, que Grignon soit un romancier ? S’il l’est, c’est sans originalité aucune. Son seul personnage digne de mention, c’est la radio qui l’a imposé grâce, surtout, à l’artiste émérite qui l’a créé. « Un homme et son péché » est une esquisse ennuyeuse à la lecture ; son avare manque de substance. Il n’y a rien dans son Séraphin Poudrier de cette grandeur dans l’abjection, si l’on peut dire, d’un Grandet. C’est un sque-