remplacent à l’avant-scène. On se demande d’ailleurs pourquoi il en fait intervenir d’autres, alors que ceux-là sont loin d’avoir épuisé leur substance et donné le plein d’eux-mêmes.
Si au moins, il s’était décidé à les supprimer tout simplement et à recommencer à neuf ; mais ils traînent tout au long de sa trilogie (beaucoup moins dans « Les Désirs et les Jours » où ils ne sont qu’occasionnellement évoqués) comme s’ils le hantaient. On dirait qu’il n’est pas maître d’eux ; ils lui forcent en quelque sorte la main. Mais tout en les rappelant, il se refuse à leur laisser jouer le rôle auquel ils se préparaient, auquel les destinait leur attitude initiale. En voulant ainsi les plier à sa volonté, Charbonneau nous les rend méconnaissables. Et l’on atteint le résultat que « Fontile », qui se déroule dans la même petite ville de province qu’a mis en scène « Ils posséderont la terre », nous apparaît comme une pièce de théâtre où, au deuxième acte, les personnages principaux seraient devenus des figurants. Ils sont remplacés par des êtres falots et sans relief, plutôt indifférents au lecteur. La mort d’Armande, qui nous est toujours demeurée lointaine, ne nous émeut pas ; elle est, en somme, un personnage épisodique, alors que Charbonneau s’efforce de centrer l’action sur elle. Tout cela semblerait