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AVANT-PROPOS

lué chez nous pour que l’on puisse déjà lui consacrer une étude spéciale : Claude-Edmonde Magny peut le faire parce qu’elle a la matière pour cela. Le roman français s’est, depuis longtemps, dégagé des limbes dans lesquels vagit encore trop souvent le nôtre : même si l’on peut expliquer ou excuser notre retard, c’est un fait dont il faut tenir compte.

Il y a évidemment amélioration ou, si l’on veut, une modernisation de la technique depuis « Les Anciens Canadiens » ou « Charles Guérin », depuis même notre roman de 1930. On a définitivement abandonné la narration naïve, celle où l’auteur se met à tout moment en scène — la narration écolière — même si ce n’est pas depuis longtemps. Cependant notre évolution est lente. Quelques-uns de nos romanciers, seulement, rompent avec les vieilles formules : Richard, Giroux, Thériault. Ils tranchent sur leurs contemporains dont la formule ressemble plus à celle des romanciers du XIXe siècle qu’à la leur ; « Le Poids du jour », par exemple, ou même « Bonheur d’occasion » sont plus près du roman narratif d’il y a cent ans qu’ils ne le sont d’œuvres comme « Neuf jours de haine », « Au delà des visages » ou « Le dompteur d’ours ».

Cette étude sera forcément incomplète. On trouvera peut-être que j’ai attaché trop d’impor-