des « Chemins de la Liberté » par sa puissance de narration, la manière dont il parvient à insuffler à son récit toute la gamme des sentiments qu’ont éprouvés ses hommes de guerre. Il y a, par exemple, quelque chose de grandiosement tragique dans la scène où son héros voit, les uns après les autres, tomber sous les balles nazies, ses frères d’armes faits prisonniers en même temps que lui ; il nous met dans la peau de ce soldat assistant impuissant au massacre de ses compagnons ; en quelques phrases, Richard déroule tous les états d’âme successifs du rescapé : la vision de cauchemar qui s’imprime en lui, mêlée à sa haine farouche, mais stérile, pour les barbares coupables de ce crime de guerre, sa rage intérieure, sa révolte intime et, aussi, à peine perceptible mais quand même présente, une sensation de joie émanant du subconscient, la joie animale de se sentir en vie malgré tout.
En même temps que romancier d’action, Richard fait donc preuve d’un sens psychologique profond. Ses soldats ne sont ni des mannequins, ni des pions : ce sont des êtres de chair et de sang, à l’âme vivante et sensible, des êtres humains qui veulent demeurer des hommes dans cet univers aux dimensions qui semblent leur échapper. « Neuf Jours de haine » n’est pas seulement un plaidoyer