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ROMANS DE MOEURS ET ROMANS SOCIAUX
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Baillargeon ; si on reproche à Lemelin un certain laisser-aller, qu’il s’efforce pourtant de combattre dans « Pierre le Magnifique », cela ne doit pas nous empêcher de reconnaître en lui l’un de nos romanciers les plus typiques. « Au pied de la pente douce » et « Les Plouffe » déroulent devant nous une série de tableaux inégalés, jusqu’ici, du faubourg québécois ; dans « Pierre le Magnifique » les décors sont les mêmes, mais cette fois Lemelin risque une incursion dans la bourgeoisie de la capitale. Il ne prétend sans doute pas l’enfermer dans la caricature des bourgeois qu’il agite sous le nom des Letellier, mais on en reconnaît pourtant l’un des spécimens.

On a accusé Lemelin d’écrire des romans à clé ; sans doute discerne-t-on des silhouettes qu’un peu d’efforts nous ferait reconnaître ; mais, en général, ses personnages se retrouvent partout dans notre société, à tous les degrés de l’échelle sociale. Il a surtout dépeint les petits et les humbles, le milieu dans lequel ils se meuvent. Les ouvriers de Lemelin, ses mères de famille, ses gamins des rues, ses curés ou vicaires sont vivants, pittoresques et, surtout, sympathiques. Le sont moins, notamment dans « Pierre le Magnifique », ses bourgeois arrivés et arrivistes, détenteurs du pouvoir politique et imperméables à toute idée neuve. Ce n’est donc