me Gabrielle Roy, le peuple des faubourgs qui retient son attention. Il ne cherche pas tant à tracer des portraits individuels qu’à brosser des fresques, bien que plusieurs de ses types, pris chacun à part, soient parfaitement réussis et criants de vérité. On les reconnaît eux aussi sous la caricature : car Lemelin est un caricaturiste émérite, en quelque sorte le La Palme de nos lettres. On a toujours l’impression qu’il ne peut résister au plaisir de décocher ses traits quelles qu’en puissent être les conséquences. D’ailleurs, on aime Lemelin ou on ne l’aime pas : il n’y a pas de milieu. Il passe pour l’enfant terrible de nos lettres et il l’est en effet : il est gouailleur, pince-sans-rire, spirituel, ironique, un tantinet gavroche, un peu comme le sont ses personnages. On le reconnaît en eux ; il est de ces gamins de faubourgs qu’il connaît et dont il rend si bien la psychologie. S’il lance parfois des traits acérés, ils ne sont jamais empoisonnés, si ce n’est pour ceux qu’il dirige contre la bêtise. Leur morsure ne peut faire de mal qu’à ceux-là qui ne possèdent aucun sens du ridicule.
Lemelin s’amuse, ai-je dit. Il s’amuse et nous amuse sans cesser d’être un romancier en profondeur. Sa gouaillerie prend parfois des accents dramatiques : dans « Au pied de la pente douce »,