tique en lui montrant qu’il pouvait jouer sur plusieurs claviers. Quoi qu’il en soit, il entre cette fois de plain-pied dans le roman comique ; il a réalisé une grosse farce à la « Marie Calumet », mais avec plus d’ampleur peut-être. Nous n’avons tout de même pas trop de littérature comique pour que l’on puisse s’offusquer de la tentative de Thériault. Formule facile, affirmera-t-on ! Mais cette facilité, elle n’a jusqu’ici attiré que bien peu d’écrivains canadiens. On aurait peut-être mieux aimé la satire qui, si elle ne suscite pas le rire franc et gras, distille le sourire, la satire fine et aiguisée à laquelle un seul de nos romanciers, Pierre Baillargeon, a touché dans « Autour d’un gros bonhomme », œuvre inédite que n’ont lu, jusqu’ici, que les membres du jury du « Cercle du Livre de France ». Mais Thériault a préféré le roman drolatique et, si l’on se contente de la formule, on conviendra que, malgré tout, il a réussi à créer ou, du moins, à rajeunir un genre dont on n’a vraiment pas abusé. Mais on sent, sous ces atours comiques, sous cette caricature aux traits durs de tout un village canadien-français si semblable, par certains côtés, à tant de villages français (on évoque « Clochemerle »), que le romancier veut toucher un aspect social qui n’est pas seulement le fruit de son imagination.
Page:O'Leary - Le roman canadien-français, 1954.djvu/108
Cette page a été validée par deux contributeurs.
106
ROMANS DE MŒURS ET ROMANS SOCIAUX