devenu ce père dont la fortune fut jadis à l’origine de la sienne.
Les peintures et les croquis de la bourgeoisie qui nouent la trame manquent trop souvent de vie et de naturel ; on voudrait plus de chaleur, précisément cette chaleur que donne la vie. Ringuet a sans doute voulu faire de Garneau un homme capable de dominer la partie sentimentale de son individu (son comportement envers sa secrétaire est typique à cet égard), un être froid pour qui l’amour est une fonction physique comme le boire et le manger. C’est sans réaction visible qu’il se laissera enlever sa maîtresse par un camarade d’enfance qui, lui aussi, a réussi dans la vie. La seule fois où il semble en proie à quelque émotion, c’est lorsqu’il apprend la mort d’une femme, rencontrée dans un train et avec laquelle il a tenté, sans succès d’ailleurs, d’amorcer une aventure. Cette nouvelle fera battre son cœur un peu plus vite ; mais il refoulera cette émotion dans laquelle il voit une faiblesse de sa part. Il souffre aussi de la perte de sa femme, mais cette souffrance vient plutôt du bouleversement qu’elle apporte dans ses habitudes et son mode de vie.
Et ses enfants ? Il aime sa fille, héritière du penchant artistique qu’il a lui-même arraché brutalement de sa vie ; le souvenir qu’il en garde con-