Page:O'Followell - Le corset, 1908.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

89

noir dans lequel le sang devenu impropre à la nutrition des tissus par son contact avec eux (sang veineux), se dirige vers les poumons pour s’y revivifier, grâce aux échanges gazeux qui constituent le phénomène de l’hématose.

On appelle hématose le phénomène par lequel le sang apporte aux tissus l’oxygène nécessaire à leur vie et dépose à l’extérieur leur acide carbonique.

Comme il n’y a point de rapport entre la structure des conduits vasculaires et les qualités du sang qui les traverse, on a pu distinguer selon la direction prise par le sang au sortir du cœur une circulation pulmonaire ou petite circulation et une circulation générale ou grande circulation. Les organes de la circulation pulmonaire ne sont au point de vue de l’étude des maladies qu’une annexe de l’appareil respiratoire et les troubles affectant l’un de ces organes retentissent sur l’autre, par l’intermédiaire de la petite circulation. (Dr  Achard).

L’on ne s’étonnera donc pas que le cœur subissant les influences qui s’exercent sur les poumons, le corset puisse agir sur l’organe central circulatoire ; et que d’autre part, l’action du corset sur le cœur puisse se faire sentir, par l’intermédiaire des vaisseaux sanguins sur le système circulatoire périphérique et parfois sur certains organes gênés dans leur irrigation sanguine.

Les auteurs qui ont admis que le corset apportait une grande gêne au libre exercice de l’appareil pulmonaire ont été amenés à formuler les conclusions suivantes : « Le corset en entravant les fonctions respiratoires s’oppose à l’hématose. C’est donc incomplètement vivifié que le sang sort du poumon pour rentrer de nouveau dans la grande circulation et ce sang chargé d’acide carbonique dont il n’a pas pu se débarrasser et peu propre à la nutrition, voit encore des obstacles, s’opposer à son libre cours par la compression d’une grande partie du corps par le corset. Ces conséquences sont d’autant plus nuisibles que les parois thoraciques refoulées par la compression du corset opposent aussi un obstacle puissant à la libre dilatation du cœur.

Le cœur par amoindrissement de la loge cardiaque n’ayant pas la même liberté perd une partie de sa force et chasse peu de sang à la fois, mais ses parois continuellement excitées par le sang qui n’a pu s’échapper chercheront à suppléer par La fréquence au manque d’énergie des contractions et par des mouvements tumultueux, le cœur va regagner en vitesse ce qu’il perd en expansion ; de là ces palpitations pénibles et une gêne extrême pour la femme serrée dans son corset.