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peut y parvenir. En comprimant les muscles, on les atrophie, et comme ils ont pour fonction le redressement de la colonne vertébrale et l’accolement de l’omoplate sur le thorax, s’ils sont gênés, c’est-à-dire paralysés artificiellement, les saillies osseuses s’accentuent.

L’action du corset en arrière en diminuant l’action des muscles dorsaux, gêne le redressement du buste. La partie postérieure du dos s’allonge donc en s’incurvant au détriment de la paroi antérieure qui se raccourcit.

Cette conclusion est logique a priori, mais à bien discuter les arguments fournis, elle semble alors trop sévère. Lorsqu’une colonne vertébrale dévie, lorsqu’une omoplate fait saillie, « il faut s’attacher avant tout à mettre les muscles du dos en état de redresser la colonne vertébrale et s’opposer à l’inclinaison du tronc en avant. Mais tant que ce résultat n’est point obtenu, un soutien artificiel prévient l’aggravation du mal, la fatigue et l’élongation des muscles, ainsi que l’affaissement de la partie antérieure des disques intervertébraux et des vertèbres elles-mêmes. L’usage du corset ne conduit pas alors, comme on l’a dit, à l’inertie des muscles, lorsqu’il n’exerce sur eux qu’une pression modérée favorable, au contraire, à leur contraction, et quand des exercices convenables alternent avec l’application de ce vêtement ».

J’ajoute que la durée de compression des muscles dorsaux est « de beaucoup moins longue que la période pendant laquelle ces muscles sont décomprimés et que, d’autre part, lorsque la femme use mal à propos de son corset en se serrant fortement la taille, elle le fait le plus souvent à un âge où ses muscles sont développés et suffisamment robustes pour résister à cette compression ; ce qui, certes, ne veut pas dire qu’il y a lieu de recommander la constriction du thorax par le corset.

Je ne puis terminer cette partie de mon travail sans répondre à une objection bien souvent élevée sous des formes diverses contre le port du corset. Comparez, dit-on, le buste de la Vénus de Milo avec celui d’une Parisienne de nos jours, et voyez si le thorax de celle-ci, infiniment plus petit que celui de la célèbre statue, n’est pas là pour prouver que le corset est une cause de déformation thoracique.

Et, dit M. Butin en d’autres termes, quand une jeune fille se vante d’avoir 58, 55, 50 et même 45 centimètres de tour de taille comme certains mannequins de nos grands couturiers, il est bien facile de diagnostiquer le rétrécissement du thorax si on se rappelle que la Vénus de Médicis a environ 80 centimètres de tour de taille.