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le dernier cri de l’hygiène ni de l’esthétique. Le corset droit a sans doute l’avantage d’avoir allongé la taille, il adoucit, il moule mieux la cambrure des reins. La zone de constriction n’est plus si étroite, et par conséquent moins à craindre. Malheureusement, ses défauts sont plus nombreux que ses mérites.

1o D’abord, dans sa partie antérieure, le corset droit remonte généralement trop haut. Il ne dégage pas assez la région épigastrique. Fidèle à la tradition, c’est un glouton qui veut encore trop embrasser et se préoccupe toujours trop de porter aide et protection à « ces coquins de pendards », comme les appelait Voltaire, tellement pendards, hélas ! qu’ils ont le plus souvent besoin de remplaçants ! C’est que le corset pour ne plus être thoracique, et il le faut absolument, doit renoncer définitivement à soutenir les seins. Ce rôle, si on tient tant à le conserver, doit être réservé au soutien-gorge indépendant.

2o En second lieu, le corset droit abuse de sa droiture. Si, comme l’ancien corset, il ne repousse pas le ventre de haut en bas, il appuie trop sur lui, et, sous prétexte de le dissimuler, l’écrase comme ferait un étau posé d’avant en arrière. Cette pression brutale traumatise les intestins, les chasse, les disloque ; bref, elle produit la vraie déventration, qui se révèle pathologiquement par tous les signes de l’entéroptose, de la dyspepsie et des névropathies dont je vous ai déjà indiqué le sommaire tableau. Cette pression néfaste s’étend ici principalement sur le plancher périnéal, faisant sourdre varices et hémorroïdes, énucléant, prolabant vessie, utérus et tout l’appareil génital, de telle sorte que le dernier cri à la mode, qui est de ne plus avoir de ventre, aboutit à la grève, inconsciente mais réelle, des ventres, au sens de la maternité.

3o Pressurés, les intestins trouvent une sortie, une échappée sur les côtés du bord inférieur du corset. En cet endroit le ventre déborde, formant besace ; et cette fuite immodérée, cette diversion sans limites, permet ad libitum d’exagérer la constriction. Il en résulte que le corset droit serre trop.

J’en conclus, au point de vue de l’hygiène, que le corset droit ne vaut rien. Il me reste à l’apprécier sous le rapport de l’esthétique.

La santé et la beauté devant être unies par des liens indissolubles, l’esthétique confirmera d’abord la précédente sentence portée par l’hygiène contre le corset droit. Au point de vue de l’esthétique, je puis donc d’ores et déjà vous répondre : le corset droit vous rend souffrante, il ne