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roxysme ; souvent l’excitation sexuelle tombe en même temps que les vêtements de la femme qui s’offre à nous sans combat » (Joanny Roux).

Dans un article paru dans le Figaro en juillet 1905, Marcel Prévost, écrivait, traitant du krack de la beauté féminine en France : La beauté s’est démocratisée ou plutôt — car les deux mots s’associent mal, l’un signifiant « moyenne » et l’autre « exception », une certaine habileté à parer, à présenter aux yeux les charmes dont les dota une nature, même parcimonieuse, réussit à niveler sensiblement l’attrait des Parisiennes. Les modes, heureusement combinées pour le gentil laideron que nous baptisons à Paris « femme charmante » ou pour les dames qui entrent gaillardement dans leur troisième jeunesse, — ces modes de chiffons, de fanfreluches, de pampilles, où la ligne est constamment rompue pour l’amusement des yeux, — ces modes illusionnistes ne siéent point à la pure beauté. Habillez chez le grand couturier la Vénus de Milo, voire la Joconde, elle aura l’air d’une chienlit. Le mannequin rêvé par tous les artistes de l’aiguille est la femme sans contours, le schéma de femme, sur lequel on peut draper et suspendre indéfiniment des étoffes, des dentelles, des broderies. La beauté de la femme contemporaine est essentiellement une beauté habillée, où le visage même et la chevelure sont œuvres d’art… Un homme qui assurait avoir goûté beaucoup d’heureuses fortunes dans le meilleur monde, et qui en parlait volontiers, me témoigna un jour à quel point il estimait, avec le poète des Stances, que le meilleur moment des amours n’est pas quand on s’est dit : « Je t’aime » — et qu’un autre moment après celui-ci est particulièrement pénible : celui où un galant courtisan doit prouver à une femme du monde, combien il la trouve plus charmante alors qu’elle est, en réalité, débarrassée de ses charmes les plus incontestables. Il ajoutait que les mondaines très intelligentes s’en rendent compte, qu’elles ne dérangent leur toilette qu’à la dernière extrémité, que tout se passe le plus souvent en thé et en porto et que les aptitudes d’un Casanova de Seingalt seraient aujourd’hui sans emploi.

Les vêtements sont en effet pour la femme de vraies armes dans la lutte sexuelle qu’elle soutient, à tel point qu’il « faudrait qu’elle fût insoucieuse des plus élémentaires voluptés pour se dévoiler, pour se désarmer tout entière devant l’ennemi. Ah ! le fade divertissement qu’une femme nue ; c’est comme une charade dont on saurait le mot. »