Page:O'Followell - Le corset, 1908.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

physiologique, qui lui commande de sauvegarder avant tout la survivance de l’espèce.

Et il est heureux que l’amour ne soit qu’un piège tendu à l’individu, car si la nature ne disposait pas de ce piège comment maintiendrait-elle la perpétuité de l’espèce. La femme perd en effet le sentiment de la maternité, elle ne fait du reste que suivre les leçons de l’homme qui lui a démontré qu’en amour il n’y avait plus ni cause austère, ni but grandiose. L’homme a dénaturé à son profit l’attrait des sexes, il a faussé, tourné en gaudriole l’acte de reproduction, la femme l’a cru…

Du jour où l’homme s’est montré dédaigneux de la mère, ou il a mis sur un trône la Beauté, la Passion, la bataille entre l’homme et la femme était décidée, imminente ! L’amante, déifiée par les poètes, souveraine par le désir qu’elle inspirait, s’est affolée de la puissance que les sens surexcités de l’homme lui donnaient… elle a abusé de son pouvoir jusqu’à l’instant très moderne très contemporain où l’égoïsme de l’homme s’est redressé et a secoué le joug ! Car, ne vous y trompez pas ! l’homme sacrifie encore à la passion sensuelle, mais elle seule l’asservit, et non plus la prêtresse ! L’homme adore la sensation qui lui vient de la femme mais il marche sur la femme. Elle n’est plus pour lui qu’un instrument de plaisir qu’il regarde avec indifférence, sa folle brève assouvie.

Or, pour arriver à provoquer l’instinct sexuel de l’homme, et obéir ainsi inconsciemment à l’ordre de la nature qui pousse l’être humain à se reproduire, qu’est-ce que la femme a trouvé actuellement de mieux si ce n’est les vêtements, et non pas seulement n’importe quels vêtements, mais encore les vêtements qui le plus mettent en vedette ses qualités physiques quand elle en a, qui le mieux suppléent à ces qualités physiques quand la nature ne lui a pas départi la beauté ou quand la maladie, l’âge, la fatigue, ont fait disparaître les formes saines et fraîches de la jeunesse. Et ces vêtements, la femme s’en enveloppe d’autant plus volontiers que s’ils ont l’inappréciable avantage pour le plus grand nombre de donner à l’homme des illusions que celui-ci ne saurait avoir si la femme lui apparaissait brutalement dévêtue, ils ont pour toutes l’incontestable utilité d’augmenter le désir sensuel, qui excité devant l’inconnu, s’irrite devant seulement un peu de chair devinée, entrevue ou dévêtue. « Le vêtement développe un sentiment qui souvent s’associe à l’amour, la curiosité : il exalte aussi ce désir, la conquête. L’idée d’un obstacle monte le désir au pa-