Page:O'Followell - Le corset, 1908.djvu/262

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

croc avec lequel on dompte les éléphants sauvages ; plus ardent que la flamme, il est comme un dard enfoncé dans l’esprit de l’homme. »

La Doctoresse Elisabeth Blackwall dit dans son livre The moral éducation of the young in relation to sex : « L’instinct sexuel existe comme une condition inévitable de la vie et de la fondation de la société. Il est la force prépondérante dans la nature humaine. Il survit à tout ce qui passe ».

Rien n’est changé maintenant : la femme est aujourd’hui pour l’homme avant tout un objet de jouissance ; subordonnée au point de vue économique, il lui faut considérer dans le mariage sa sécurité ; elle dépend donc de l’homme, elle devient une parcelle de sa propriété. Sa situation est rendue plus défavorable encore par ce fait que, en règle générale, le nombre des femmes est supérieur à celui des hommes. Cette disproportion numérique, excite la concurrence rendue plus âpre encore par suite de ce que nombre d’hommes pour toutes sortes de raisons ne se marient pas. C’est ainsi que la femme est obligée, en donnant à son extérieur l’allure la plus avantageuse possible, d’entamer, avec toutes celles de ses congénères du même rang qu’elle la lutte pour l’homme (La Femme, Bebel).

L’amour n’est en effet qu’un piège tendu à l’individu. La nature ne songe qu’au maintien de l’espèce et pour la perpétuer, elle n’a que faire de notre sottise. À ne consulter que la raison quel est l’homme qui voudrait être père et se préparer tant de soucis pour l’avenir ; quelle femme pour une épilepsie de quelques minutes se donnerait une maladie d’une année entière (Chamfort).

J’ajouterai, si ce n’était un piège, qui donc, s’il pouvait réfléchir, oserait passer des préliminaires de l’amour aimables si souvent, au geste final, laid toujours.

« S’il est une fonction sur laquelle pèse le déterminisme lit-on un peu partout, c’est bien la fonction sexuelle. Nous nous croyons libres et nous ne sommes en amour que de véritables esclaves. La nature, la grande sournoise aux aguets nous attend à tous les tournants du chemin ; tel qui fier de sa conquête, l’emporte victorieux dans ses bras, n’est que le misérable jouet des forces naturelles. »

Maurice Maindron, l’auteur de pages si justement réputées abonde en propos subtils sur cette question. C’est ainsi que dans son livre Monsieur de Clerambon le héros du roman répond à l’amoureux Taubadel qui avait entrepris un éloge des dames et des demoiselles : « Les femmes sont ainsi faites qu’elles supportent plus commodément