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à la baignade ? C’est cela qui aurait bientôt fait de les mater ! Le voilà bien non plus en images, ni en statues ce fameux beau sexe qui ne peut même pas supporter une minute d’examen lorsqu’il se tient les os en pointe et qui n’est plus présentable que lorsqu’il est couché et étendu ! Aussi vivent éternellement les jupes et les longues chemises pour cacher toutes leurs difformités physiques ! Et cela ne leur suffit pas : il leur faut encore se couvrir et se recouvrir de barres de fer et de baleines, de postiches, de maquillages, de fanfreluches de toutes sortes et de toutes couleurs comme les seigneurs de l’ancien temps ou les sauvages d’aujourd’hui, ou mieux encore comme les mules du carrosse royal. Heureusement que faute de mieux elles nous plaisent, toujours et quand même non pour ce qu’elles valent, mais pour le plaisir qu’elles nous représentent.

Et elles plaisent et elles représentent du plaisir parce que peu d’hommes malheureusement songent à faire de la femme une compagne et que presque tous poussés par l’instinct ne voient dans l’être féminin qu’un instrument de jouissance.

C’est ainsi que la femme coquette et élégante l’a compris, inconsciemment peut-être, mais non moins certainement et c’est pourquoi elle a compris aussi comment dans notre civilisation, elle peut par la constriction du corset, par l’art du costume, augmenter la mise en valeur ou produire l’illusion des lignes ondoyantes qui sont celles de la beauté féminine ; lignes ondoyantes, apparentes ou réelles, auxquelles elle doit d’être désirée par eux.

« Quelles sont donc ces lignes ondoyantes qui caractérisent la femme. Ce sont avant tout le profil antérieur de la poitrine, puis les profils latéraux de la taille et le profil de la cambrure des reins ; c’est le profil de la nuque ; ce sont enfin les lignes qui relient le cou aux épaules ». Toute l’habileté féminine va donc consister désormais à mettre en valeur ces lignes ondoyantes qui sont la parure naturelle de la femme ; à créer ce que le monde civilisé actuel considère comme étant la beauté : une taille svelte, des hanches saillantes, une gorge proéminente ; pour cela le vêtement est nécessaire. Ce n’est pas en effet un sentiment de pudeur instinctive qui a fait naître l’usage des vêtements. De nos jours encore, il est des peuplades qui vivent complètement nues ; c’est la civilisation qui a inventé et voulu la pudeur. Le christianisme a augmenté cet instinct de la pudeur. L’effroi de la chair, le mépris du corps humain, voilà des idées essentiellement chrétiennes.