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vements rudes et lourds, adore dans sa partenaire cette grâce du corps que Diderot définissait ainsi : « Cette rigoureuse et précise conformité du mouvement du corps à la nature de l’action ».

C’est pour cela que la danse a été chez tous les peuples connus, comme l’introduction à l’amour. La danse déploie la grâce et la montre dans toute la perfection où elle puisse atteindre. La grâce a créé la danse comme son expression, comme son instrument, comme son cadre et, pour tout dire d’un mot, comme son organe même.

Cependant, si le commun des hommes a besoin de la danse pour apprécier la grâce, les connaisseurs ou simplement les hommes de sensations fines, n’ont besoin que de la marche et préfèrent même la marche à la danse comme expression de la grâce et comme manifestation de l’eurythmie personnelle.

« La marche d’une déesse sur les nuées », dit Saint-Simon, en parlant de la duchesse de Bourgogne. Et vera incessu patuit dea, dit Virgile en parlant de Vénus, ce qui veut dire : « et, par sa façon de marcher, elle se révéla déesse ». La marche, c’est la grâce qui se meut. « Je hais le mouvement qui déplace les lignes ! » a dit un poète. Soit, mais le mouvement qui arrange les lignes à chaque moment qu’il semble les déranger, c’est la grâce exquise et c’est la grâce suprême. La grâce immobile, c’est la statue harmonieuse ; la grâce en marche, c’est la vie harmonieuse.

3° La femme qui plaît, c’est la femme élégante, c’est-à-dire : la femme qui plaît, c’est la femme qui sait s’encadrer. C’est la femme qui s’habille bien, premier cadre, et pour bien s’habiller je n’ai pas besoin de dire qu’il faut savoir choisir les couleurs et les dessins d’ajustement conformes à sa personnalité et s’y adaptant naturellement. C’est la femme dont la chambre ou le salon, second cadre, sont décorés avec un goût personnel encore et tel que chambre ou salon semble être un accessoire et une dépendance de la personne elle-même : « Vous ne trouvez pas Mme X… élégante ? demandait-on à un homme de goût. — Mais… non ! — Pourquoi ? — Je ne saurais trop vous dire… Chez elle, elle a l’air d’être en visite. » Une femme qui chez elle n’est pas chez soi, eût-elle l’instinct de l’élégance dans l’ajustement, est peut-être « une élégante » ; mais elle n’est pas élégante.

Je n’ai pas besoin de dire, ajoute M. Faguet, que je suis ici, aussi tout à fait de l’avis de M. Rafford Pyke, puisque