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C’est la description que donne Nifo de la personne de Jeanne d’Aragon, dont on peut voir au Louvre le portrait peint par Raphaël ou plus vraisemblablement encore par Jules Romain. Houdon donne à côté du texte latin de Nifo l’excellente traduction française que voici :

« L’illustre Jeanne est pour nous la preuve que le beau n’existe que dans la nature, car cette princesse réunit en elle la beauté parfaite de l’âme et du corps. En effet pour ce qui est des qualités de l’esprit, elle possède la convenance des mœurs et la douceur (cette beauté de l’âme) qui sont les attributs des natures héroïques et elle les possède à un tel degré, qu’elle semble issue d’une souche divine plutôt que d’une souche humaine. Pour ce qui est du corps., la beauté de ses formes est si parfaite que Zeuxis qui dut, pour faire le portrait d’Hélène, emprunter leurs charmes divers aux plus belles filles de Crotone, eût pu se contenter de prendre Jeanne pour modèle, s’il lui eût été donné de la voir et d’en reconnaître l’excellence. Sa stature, de hauteur moyenne, est droite et élégante et possède cette grâce que, donne seul l’assemblage de membres individuellement irréprochables. De complexion, elle n’est ni grasse, ni maigre, mais pleine de sève « succulenta » ; son teint n’est point pâle, mais blanc nuancé de rosé ; ses longs cheveux ont les reflets de l’or ; ses oreilles sont.petites et en proportion avec la grandeur de la bouche. Les sourcils bruns formés de soies courtes pas trop touffus dessinent un arc de cercle parfait. Les yeux bleus « cœsïïs » plus brillants que les plus brillantes étoiles, rayonnent de grâce et de gaieté sous leurs cils bruns convenablement espacés. Entre les deux sourcils descend perpendiculairement un nez de dimension moyenne et symétrique ; la petite vallée qui sépare le nez de la lèvre supérieure est d’une courbe divine ; la bouche plutôt petite entr’ouvre par un doux sourire deux lèvres un peu épanouies formées de miel et de corail et qui appellent les baisers plus que l’aimant n’attire et ne retient le fer. Les dents petites, polies comme l’ivoire, sont rangées avec symétrie, et son haleine a la saveur des plus doux parfums. Sa voix résonne comme celle non d’une mortelle mais d’une déesse. Le menton est divisé par une fossette, la rosé et la neige colorent ses joues et son visage dont l’ovale se rapproche comme chez l’homme de la forme ronde.

Le col droit, allongé, blanc et plein s’élève avec grâce entre les épaules ; sur la poitrine large et dont les plans unis ne laissent apparaître aucun os, s’arrondissent deux seins égaux, d’une dimension convenable, qui exhalent