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son formée par le diaphragme. Alors, la masse intestinale refoulée tirera sur ses points de suspension et par leur intermédiaire tirera sur l’estomac, sur le foie ; ces organes déjà compromis par l’action constrictive qui les allonge comme à la filière et leur impose une forme semblable à celle qu’ils ont dans l’entéroptose, réagiront à leur tour sur l’intestin ; l’intestin dont la fonction est entravée par les déviations angulaires au niveau de ses points de suspension, cessera de remplir son rôle normal d’absorption et surtout son rôle d’expulsion. Que la moindre cause de perturbation survienne, la nutrition sera profondément troublée, et c’est la maladie entéroptose qui, finalement, s’installera dans l’organisme ainsi prédisposé, avec la diminution de calibre de l’intestin, la décompression de l’abdomen et l’atonie générale qui la caractérisent.

Les figures précédentes montrent bien, par la comparaison avec l’état normal, la nature des désordres produits par la constriction du corset et la frappante analogie de ces désordres avec les désordres caractéristiques de l’entéroptose.

C’est ainsi qu’on peut s’expliquer la grande fréquence de l’entéroptose chez la femme et sa bien plus grande fréquence chez la femme que chez l’homme.

Quel enseignement tirer de ce rapide parallèle entre les méfaits du corset et la maladie entéroptose ? Une première conclusion est imposée : Le corset est nuisible quand il refoule dans le bas-ventre la masse intestinale : Il serre trop haut.

Cette aptitude est en outre dangereuse parce que le champ de refoulement de l’intestin étant libre au-dessous de la zone de constriction, le corset pourra être serré et d’autant plus serré que ce champ sera plus libre. Aussi, les femmes qui se serrent beaucoup sont celles qui ont les corsets les plus courts.

Une deuxième conclusion est la suivante : Le corset est nuisible parce que sa constriction s’exerce sur une zone trop étroite. Il ne serre que la taille.

Enfin, la physiologie nous apprend que, pendant le travail digestif, les organes subissent des changements de volume, des changements de place en rapport avec leurs fonctions : le foie, l’estomac, augmentent de volume et se portent en avant, l’intestin redresse ses courbes et se porte en haut : il en, résulte qu’une ampliation de l’épigastre doit être possible au moment de la digestion. C’est bien ce que la nature a voulu en échancrant la base de la cage thoracique au niveau de l’épigastre.