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la ceinture est placée bas, plus elle soulage ; pareil soulagement était procuré même aux femmes que la moindre pression du corset faisait souffrir ; toutes caractérisaient la sensation de mieux-être constatée, en disant qu’elles se sentaient plus fortes, mieux soutenues, moins délabrées. Leur faiblesse si caractéristique n’était donc pas causée par l’anémie.

Enfin, un fait significatif me mit sur la voie. Si, au moment où la malade constate ce soulagement, on enlève brusquement la ceinture qui la rendait plus forte, elle dit éprouver une sensation de faiblesse générale, de délabrement à l’estomac comme si son ventre tombait, n’était plus soutenu comme s’il tirait sur l’estomac. Si l’on rapproche de ce fait l’observation que ces mêmes malades, lorsqu’elles souffrent, ne trouvent pas de meilleur soulagement que de s’étendre, l’hypothèse suivante devient vraisemblable : si elles souffrent, c’est que leurs organes abdominaux sont mal soutenus et ce défaut de soutien est d’autant plus marqué, que d’après les lois de la pesanteur, les organes s’abaissent davantage dans la station debout. Et précisément deux conditions anormales favorisent cette action de la pesanteur : l’intestin qui, à lui seul, remplit la plus grande partie de la cavité abdominale est plus lourd, puisque son calibre est réduit et que par conséquent l’intestin renferme moins d’air qu’à l’état normal : la cavité abdominale est devenue trop grande pour cet intestin réduit de calibre et son contenu se déplacera en masse vers les points les plus déclives. Cette hypothèse s’accordait d’ailleurs avec les sensations de creux, de vide, de tiraillement, de délabrement, dont se plaignent les malades. De telles sensations ne seraient donc peut-être pas des phénomènes purement nerveux Gemme on le croyait jusque-là, mais pourraient bien reconnaître une cause en quelque sorte mécanique.

Il ne restait-donc plus qu’à vérifier si réellement le défaut de soutien des organes digestifs peut être une cause de maladie, dans quelles conditions les organes cessent d’être mal soutenus et quelles en sont les causes. Or, la doctrine de l’entéroptose apporta successivement les démonstrations suivantes.

Le défaut de soutien de l’intestin est une cause directe de troubles digestifs. En effet, l’intestin qui mesure de 5 à 6 mètres, dont la longueur est dix fois plus grande que le trajet entre son orifice d’entrée et de sortie, est relevé de distance en distance à la manière de baldaquin ou de guirlandes qui se recouvrent les uns les autres, tantôt de droite à gauche, tantôt de gauche à droite de l’abdomen. Si l’in-