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une maladie d’estomac ou d’intestin, ou bien comme anémiques, comme rhumatisantes, ou enfin dont on dit, en désespoir de cause, qu’elles sont des névropathes, des neurasthéniques, et que le temps seul finira par les guérir ; vainement elles suivent des cures thermales ou hydrothérapiques, vont à la montagne ou à la mer, toujours elles sont malades. Elles se soumettent aux régimes les plus variés, ne peuvent se nourrir, maigrissent, suspendent toute relation mondaine, et passent la plus grande partie de leur vie au lit ou sur la chaise longue.

Il est évident que ces malades, qui ne guérissent pas et qui tout de même ne meurent pas, ne reçoivent pas le traitement qui convient à leur maladie ; il est donc évident que cette maladie n’est pas comprise. C’est à l’expliquer que je m’attachai par ma théorie de l’entéroptose.

Je remarquai tout d’abord que, sous toutes les variétés d’allure qu’elle revêt, il s’agit toujours de la même maladie ; en effet, dans toutes les phases de cette maladie, on retrouve constamment les mêmes symptômes, par conséquent fondamentaux. Ce sont : la faiblesse, l’amaigrissement, l’insomnie, la dyspepsie, avec sensation de tiraillement, de creux, de vide, de délabrement dans la région de l’estomac, enfin l’atonie opiniâtre de l’intestin.

Mon attention étant ainsi appelée sur les fonctions digestives, je notai que, chez ces malades, l’abdomen est distendu et que la masse intestinale est réduite de calibre ; cherchant encore, je trouvai, signe absolument imprévu, que leur rein était mobile, et constatai que cette mobilité du rein était méconnue chez elles parce qu’on ne pensait pas à la chercher et qu’on ne savait pas s’y prendre pour la trouver. Il en résulta que cette mobilité du rein, considérée comme très rare et se rencontrant tout au plus chez une femme sur cent, était au contraire très fréquente ; c’était à ce point qu’on la trouvait chez une femme sur cinq et que j’ai pu, en moins de vingt ans, en voir plus d’un millier de cas, alors que jusque-là le médecin le plus occupé n’en avait jamais vu plus de 10 ou 12 cas dans toute sa carrière. C’est cette constatation, vérifiée ensuite par tous les médecins, qui bientôt devait mettre à la mode la maladie du rein mobile.

La cause de la maladie était donc trouvée, c’était parce qu’on ne combattait pas la mobilité du rein que mes malades ne guérissaient pas, et je n’avais qu’à leur appliquer la ceinture usitée contre la maladie du rein mobile. Ma joie de médecin fut de courte durée. L’immobilisation du rein soulageait les malades, mais ne les guérissait pas et surtout