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sens vertical, étranglés au niveau de la taille ; l’intestin est comprimé et ces organes sont entravés dans l’expansion ou les mouvements nécessaires à leur jeu physiologique. C’est une cause permanente de troubles circulatoires, respiratoires, digestifs. Les vapeurs dont se plaignent si souvent les femmes et dont on parlait tant sous Louis XV, à une époque où les femmes devaient avoir la taille fine, n’ont pas d’autre cause. La pauvre femme ne peut manger à sa faim ou bien elle étouffe. Il lui serait impossible de remettre son corset si elle le quittait après un repas. La constriction qu’elle supporte à la condition de rester bien droite parce que la moindre inclinaison du buste l’augmente encore, à condition de peu manger, de ne pas marcher, surtout de ne pas monter trop vite, serait intolérable si le repos de la nuit ne permettait à la femme d>e s’y soustraire. Les conséquences sur la forme et le jeu des organes deviennent à la longue, irréparables.

Je n’insiste pas : les méfaits du corset ont été de tout temps signalés par les médecins et pourtant jamais les médecins n’ont été écoutés, non seulement ceux qui proscrivaient absolument le corset, mais ceux mêmes qui comme Bouvier, dont le remarquable rapport à l’Académie de Médecine en 1853 fait autorité en la matière, ont reconnu que le corset pouvait être utile à la parure et à la santé et se sont élevés seulement contre ses abus.

Si donc le médecin veut être écouté, ce n’est pas la suppression du corset qu’il doit exiger, ce sont les règles de sa construction et de son application qu’il doit poser. Que le médecin formule ces règles, que ces règles soient déduites d’une théorie vraie et facilement vérifiable, que la limite entre l’usage et l’abus soit désignée par des signes précis, que cette limite, s’il est possible, soit rendue difficile à franchir et le médecin sera écouté.

Or, c’est ce qui est arrivé. Une théorie nouvelle a été proposée. C’est la théorie connue sous le nom de l’entéroptose que j’ai proposée et désignée ainsi en 1885.

L’entéroptose est une maladie, et c’est la théorie de cette maladie qui permet d’expliquer et de prévenir, sans supprimer le corset, les méfaits causés par la constriction du corset.

Vous avez toutes, parmi vos relations ou vos amies, de pauvres jeunes femmes, constamment souffrantes, malades depuis plusieurs années, qui ont en vain changé cinq ou six fois de médecin, sans trouver encore celui qui les guérisse ; elles se plaignent de tout, ont été sans succès traitées, tantôt pour une maladie intérieure, tantôt pour