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Que le corset trop serré, et de forme défectueuse gêne considérablement la digestion, qu’il favorise la déformation de l’estomac, qu’il soit pour ce viscère un facteur important de dislocation, je l’accorde, et je crois ces faits exacts, je les ai plusieurs fois observés moi-même à des degrés divers, mais que faut-il en conclure, sinon que le port d’un mauvais corset est dangereux et que sa constriction exagérée est très dangereuse, pas plus. L’usage modéré ne doit pas être incriminé, et je ne saurais proscrire pour toutes les femmes l’emploi intelligent d’un vêtement utile, parce qu’il plaît à un certain nombre de jeunes filles ou de jeunes femmes d’en faire un emploi déraisonnable, car ne manquent-elles pas de raison ces pauvres jeunes filles qui, ainsi que le raconte le Dr  A. Mathieu, se retiennent de manger soit pour conserver cette finesse de taille qui fait l’envie de leurs amies, soit parce qu’étant trop serrées elles éprouvent après le repas un malaise plus ou moins considérable d’autant mieux qu’elles ont souvent, à un degré plus ou moins marqué, de la dyspepsie flatulente.

Rien d’étonnant dès lors à ce que les médecins de tous les temps se soient appliqués à signaler les dangers que fait courir l’abus du corset. Les femmes admettent sans discussion, qu’on souffre pour être belle ; avoir gagné quelques centimètres de pourtour de taille les con-sole trop facilement des troubles dyspeptiques qui gâtent leur jeunesse et compromettent leur maturité.

Le médecin qui envisage la question du corset sans passion ne songe pas à supprimer le corset, mais il voudrait que ce vêtement ne fût pas nuisible.

« L’habitude du corset trop serré est le résultat et d’une mauvaise éducation et d’une coquetterie mal comprise. Les jeunes filles, même celles qui en ont le moins besoin, considèrent le corset comme un vêtement dont il est indécent de se passer ; elles prennent l’habitude d’être soutenues par lui, tout le haut du corps reposant sur les hanches par son intermédiaire.

Elles « placent bien à tort leur orgueil dans une taille aussi fine que possible : elles ont tendance à croire qu’une taille filiforme est le trait le plus achevé de la beauté féminine. Il ne serait pas mauvais de leur faire savoir qu’il n’y a guère que les jeunes filles et les jeunes femmes qui soient de cet avis. » (Gazette des Hôpitaux, septembre 1893).