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Les résistances du thorax ne sont pas égales sur toute sa circonférence ; en arrière, il est absolument rigide, (colonne vertébrale), latéralement se trouve le maximum de sa souplesse, de sa flexibilité ; en avant, il n’y a qu’une échancrure : elle joue son rôle en permettant aux côtés de se rapprocher davantage de l’axe du corps ; c’est aussi une sorte d’issue offerte aux organes qui, chassés de leur loge, tendent à s’ouvrir un chemin en avant dans la partie de la paroi dépourvue de côtes.

La compression va donc agir en déplaçant surtout les parties latérales du thorax. Elle peut se faire de deux manières différentes, suivant la nature des liens.

S’agit-il de cordons de jupes comme cela se passe chez beaucoup de femmes du peuple ou de la campagne ; s’agit-il de la ceinture dont se servent bien des hommes ou encore du ceinturon ? Dickinson et quelques autres auteurs affirment que ce mode de striction agit exactement comme le corset. Nous ne le croyons pas. La compression porte, en effet, immédiatement au-dessous de la dernière côte. Le foie, l’estomac, la rate sont donc refoulés vers la partie supérieure de la cavité abdominale et pris entre les liens et le diaphragme. Qu’il en résulte des malaises, surtout de l’estomac, chacun le sait ; quel est l’homme porteur d’une ceinture ou d’un ceinturon qui n’est pas obligé de les desserrer après un repas même peu copieux ? Mais qu’il en advienne un abaissement de l’estomac et du foie, nous ne le saurions admettre. »

Certes je pense avec l’auteur qu’un corset placé comme les cordons des jupes, une ceinture ou un ceinturon, ne saurait abaisser l’estomac puisqu’il serait situé au-dessous de ce dernier organe, mais je pense, contrairement à M. Chapotot, que le corset agit souvent comme ces cordons, ceintures ou ceinturons. Dans ce cas alors, ce n’est pas seulement parce qu’il peut amener des malaises du côté de l’estomac, mais encore et surtout parce qu’il gêne la fonction respiratoire, que le corset est dangereux.

Par son action directe sur la cage thoracique et sur les viscères qu’elle renferme, j’ai démontré précédemment que le corset, à moins d’être très serré, ne gênait pas d’une façon sensible et appréciable la fonction respiratoire. Quand la gêne respiratoire devient appréciable et dangereuse, ce n’est pas tant parce que les côtes et les poumons sont comprimés directement, que parce que indirectement leur fonctionnement est entravé ; le corset serre au-dessous de l’estomac et du foie, relève ceux-ci, les repousse sous la voûte diaphragmatique et en empêchant