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CHAPITRE VI


« Depuis Charles VIII (1483-1498), l’engouement des Français pour les Italiens avait en quelque sorte dénationalisé le costume ; pendant la première partie du règne de François Ier (1515-1547) l’imitation ne fit que croître ; ce ne fut que par suite de l’arrivée de la florentine Catherine de Médicis que les choses se modifièrent. La future reine apportait dans l’application des modes italiennes une indépendance qui devint une leçon pour les dames françaises ; c’est à proprement parler à partir de ce moment que leur goût émancipé et délicat put s’affirmer de plus en plus et malgré bien des écarts et peut-être à cause de sa mobilité leur valut ce sceptre de la mode qu’elles tiennent encore. »

Le règne de Henri II (1547-1559) ne fut que la continuation de celui de François Ier, mais avec moins d’éclat et d’énergie personnelle, plus d’influence encore des courtisans et des prodigalités plus funestes. A son avènement et de nouveau en 1549, le roi interdit d’une façon expresse et étendue les superfluités du costume féminin ne laissant toute indépendance qu’aux princesses ainsi qu’aux dames et demoiselles de la suite de la reine.

Ces ordonnances somptuaires éludées dès leur apparition n’empêchèrent pas le luxe de paraître dans tout son éclat.

De son mariage avec Henri II, Catherine de Médicis eut trois fils, les trois derniers Valois : François II, Charles IX, Henri III.

Sous François II, qui ne régna que seize : mois environ, aucun édit somptuaire ne fut promulgué. Ce n’est qu’en 1561, sous Charles IX, aux États généraux assemblés à Orléans, que fut renouvelée l’ordonnance de Henri II et qu’en 1563 que, le gonflement des robes atteignant huit à dix pieds de circonférence, l’on fit : « défense aux femmes de porter des vertugales de plus d’une aune ou d’une aune et demie de tour… » il fut cependant permis aux dames de Toulouse qui aimaient les vertugadins d’en porter à leur commodité pourvu que ce fut avec modestie.

C’est principalement sous Charles IX, dont elle prit la tutelle immédiatement après la mort de son frère François II, et pendant la durée du règne de ce deuxième fils (1560-1574) que les modes importées par Catherine de Médicis prirent de l’extension.