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CHAPITRE IV

Si l’on fixe au règne de Charles VI le passage de la deuxième époque de l’histoire du corset à la troisième, on voit que la fin de la deuxième période se confond avec le commencement de la période suivante puisque Charles VI monta sur le trône à la fin du XIVe siècle en l’an 1380 et qu’il régna jusqu’en 1422.

Dès 1340 la mode était apparue des corsages décolletés « et quelquefois ouverts dans une telle étendue, quod osten-dunt marnittas, et videtur quod dictœ mamillœ velint exire de sinu earum suivant le langage de Jean de Mussi, écrivain lombard de 1388, qui ajoute naïvement : qui habitus esseï pulcher, si non ostenderent mamillas et gulœ essent sic de-center strictœ, quod ad minus mamillœ ab aliquibus non passent videri. »

Vers le commencement du XIVe siècle, Robert de Bloii: dans son Châtiment des Dames les admonestait déjà sur ce point en disant :

De se faict dame blasmer.
Qui veult sa blanche char monstrer
A ceux de qui n’est pas privée;
Aucune lesse deffermée
Sa poitrine, pour ce l’on voie,
Comme neige sa char blanchoie;
Une autre lesse tout de gré
Sa char apparoir au costé;
Une sa jambe trop descuevre,
Prud’homme ne loe pas ceste œvre.

Isabeau de Bavière, mariée en 1385 au roi de France Charles VI, mérita particulièrement le reproche d’avoir donné encore plus d’extension à cette mode des robes décolletées.

« Elle imagine Les robes ouvertes surnommées plus tard robes à la grand’gore (truie) ; on appelait gores ou gaurières, les courtisanes de l’époque. C’était alors le triomphe de la chair dans la toilette.

Cette mode ne fit que s’accroître plus tard si l’on en croit Menot, prédicateur de la fin du XVe siècle, qui en chaire reprochait aux femmes de montrer « pectus discor pertum usque ad ventrem. »

Vers 1390 les femmes portent la sorquanie, sorte de surcot lacé en arrière emprisonnant la taille et moulé sur la poitrine.

Malgré quelques excentricités passagères et de grandes bizarreries, surtout dans la coiffure, le costume des femmes de la Renaissance était généralement, dit le docteur