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Sous la dynastie des Mérovingiens qui s'étend de Mérovée, son fondateur, vers l'an 450, ainsi que sous la dynastie des Garlovingiens qui lui succéda élevant au trône en 752 Pépin le Bref, les femmes continuèrent l'emploi des ceintures romaines.

Il suffit d'étudier les sceaux des Ve, VIe, VIIe et VIIIe siècles pour voir que pendant toute cette période l'habillement se composait d'une longue tunique serrée par une ceinture placée au-dessous de la poitrine et que la coquetterie à cette époque était à peu près nulle.

Une longue suite de siècles en effet était nécessaire pour qu'une civilisation nouvelle polît les mœurs des États barbares élevés sur les débris de l'Empire romain.

Le costume des femmes conserva longtemps une grande simplicité dans la classe roturière opprimée et misérable. Ce n'est guère qu'après le Xe siècle, que les riches bourgeois rivalisèrent de luxe avec la noblesse. Les premiers Capétiens, dont l'avènement au trône eut lieu en 987, virent commencer une révolution dans le costume, mais d'après les recherches de Quicherat, ce n'est que sous le règne de Louis VI le Gros et de Louis VII le Jeune, au XIIe siècle par conséquent, que l'on vit apparaître les robes moulant le haut du corps et le corsage séparé de la jupe.

Les statues des portails de Saint-Germain-des-Prés, de l'abbaye de Saint-Denis, des cathédrales de Paris et de Chartres, des églises de Sainte-Marie de Nesle, de Sainte-Bénigne de Dijon, etc., dont plusieurs sont aujourd'hui à Saint-Denis et au musée de Gluny, ont été, dit Racinet, J'objet d'examens approfondis. La preuve est acquise au-aujourd'hui que les artistes des XIe, XIIe et XIIIe siècles,ayant à représenter des personnages appartenant aux ve et vie siècles, leur ont fait porter les costumes qu'ils avaient sous les yeux. Cela s'est fait ainsi pendant tout le moyen âge. Clovis et Ghildebert, Clotilde et Ultrogothe leurs épouses n'ont jamais porté qu'en sculpture des costumes qui ne furent répandus en Europe qu'à la suite des premières croisades.

C'est ainsi que les statues — reproduites ici d'après cet auteur — de Clotilde, femme de Clovis Ier et de Haregonde, femme de Clotaire Ier et qui se trouvent, la première, au portail de Notrc-Dame-de-Corbeil, et la seconde au portail de Notre-Dame de Paris sont les types les plus complets du costume féminin au XIIe siècle.

Il se compose d'un corsage ajusté au plus près, prenant le ventre, n'ayant qu'une ouverture de dimension restreinte au haut de la poitrine et lacé dans le dos.

Le corsage, le justaucorps, était d'une sorte de tricot de