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lutte pour l'existence devenant de jour en jour plus âpre, ils savent que la clientèle appartient à ceux qui travaillent.

C'est pourquoi cette nécessité de l'effort quotidien et personnel, sans lequel il ne saurait y avoir de succès, a entraîné les corsetiers à s'unir pour défendre leurs intérêts communs. Patrons et patronnes ont, en sages, compris que la concurrence n'exclut pas la solidarité et, pour se trouver plus forts en s'appuyant les uns sur les autres, ils ont créé la Chambre Syndicale des Corsets et Fournitures, dont le premier président fut M. Notelle, elle doit beaucoup de sa prospérité à MM. Leprince père, Farcy, Oppenheim, placés successivement à sa tête. M. Leprince préside actuellement à ses destinées et parmi ses collaborateurs dévoués, je compte MM. Clapin, Despréaux, Delmotte, Lange-Porcherot, Libron, Savoye-Deglaire, etc.,etc. et la Chambre syndicale des corsets sur mesure, de fondation trop récente pour que l'on puisse juger son œuvre, à la tête de laquelle fut placé M. Abadie-Léotard ; M. Thomas la préside actuellement, il est aidé dans sa tâche de président par d'actifs syndiqués, parmi lesquels je relève les noms de MM. Léoty, Monin, Soleur-Delorme, Mmes Fourneret et Guilmard. Un projet, de fédération des chambres du corset et des industries qui s'y rattachent a été proposé par M. Delmotte ; ce projet n'a pas encore abouti.

Mais les commerçants qui s'occupent de la fabrication des corsets ou des fournitures pour corsets n'ont pas seulement songé à défendre leurs intérêts personnels, ils ont pensé aussi à ceux de leurs employés dont voici le tarif des salaires qui n'a presque pas varié depuis une vingtaine d'années.

Salaires de Paris : ouvriers, de 5 fr. à 5 fr. 50, sauf pour les coupeurs, de 6 fr. à 8 fr. ; bâtisseuses de 3 fr. 50 à 4 fr. 50 ; éventailleuses, de 3 fr. à 4 fr. ; mécaniciennes, de 3 fr. 50 à 4 fr.

Salaires de province : bâtisseuses, de 2 fr. à 2 fr. 50 ; éventailleuses, de 2 fr. à 2 fr. 25, sauf pour les ouvrières de choix qui se payent presque toujours aux pièces ; mécaniciennes, de 2 fr. 50 à 3 fr.

Dans le numéro du journal Les Dessous Elégants du mois de février 1902, le directeur, M. G. Viterbo, écrivait : « Pour les ouvrières, la tâche devient chaque jour plus difficile et beaucoup s'usent les doigts sans parvenir seulement à joindre les deux bouts. La maternité attend les unes et la maladie est là qui guetté les autres, sournoise, et défait tous les meilleurs projets que l'esprit inquiet élabore.