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CHAPITRE VIII

La Révolution avait tout submergé, traditions, mœurs, langage, trône, autels, modes et manières ; mais la légèreté spéciale au peuple français surnageait au-dessus de tant de ruines ; l'esprit d'insouciance, de forfanterie, d'à propos, cet immortel esprit frondeur et rieur, fonds précieux du caractère national reparaissait au lendemain de la tourmente plus alerte, plus vivace, plus indomptable encore qu'autrefois. Comme il ne restait rien du passé et qu'on ne pouvait improviser en un jour une société avec des convenances, des usages, des vêtements entièrement

Fig. 83. — 1794.
Fig. 84. — 1795.

inédits, on emprunta le tout à l'histoire ancienne et aux nations disparues ; chacun s'affubla, se grima, « jar-gonna » à sa guise ; ce fut un travestissement général, un carnaval sans limites, une orgie sans fin et sans raison. On ne peut regarder aujourd'hui cette époque dans son ensemble et dans les menus détails de son libertinage, sans croire à une immense mystification, à une colossale caricature composée par quelque humouriste de l'école de Hogarth ou de Rowlandson. (Octave Uzanne.)

La tournure du costume des femmes resta toutefois jusqu'en 1794 ce qu'elle était dès 1790. Le buste continue à