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Cette sincérité de Marie-Antoinette pour son hameau de Trianon influença fort la mode et le maintien adoptés par les femmes de cette époque.

« Le moelleux est la marque de la femme qui devient alors folle de champêtre. Le moelleux était, en réalité, beaucoup plus dans l'attitude que dans la mode de l'habit même et que dans l'éducation qui formait la demoiselle. »

Ce moelleux n'atteignit pas jusqu'aux dessous, et n'effleura même pas le corset, car la dame en déshabillé voulant avoir une taille svelte, déliée, continuait à se serrer autant que possible dans le corps de la mise ancienne, en s'amincissant encore la taille avec excès. La jupe écourtée de la paysanne, qui a besoin d'être alerte, était avantageuse pour montrer dans sa mule légère, la mule faite pour être lancée du haut des escarpolettes, le joli et leste pied du XVIIIe siècle, le pied éduqué formé dès l'enfance par le maître de d'anse : Formez vos pas, —• car pour séduire, — il faut écrire — avec ses pieds. (Cabinet des modes 1788).

J'accompagne ces quelques lignes sur le règne de Louis XVI, de trois figures correspondant aux trois époques indiquées plus haut ; sur toutes trois, l'on voit nettement que le corset serré impose sa contrainte à la femme qui, de toute la mise ancienne, n'a conservé que le corps plus ou moins modifié.

Le corset ne jouissait pas alors en Autriche de la, faveur impériale et l'Empereur Joseph II (1765-1790), fils de Marie-Thérèse, essaya, sur les conseils de son médecin, d'înterdire l'usage du corset dans ses États par un décret applicable aux orphelinats, couvents et institutions de son empire. Pour le rendre odieux aux femmes honnêtes, il obligea les reprises de justice à le porter pendant toute la durée de leur peine.

Rien n'y fit, le corset abandonné un instant reprit bientôt au grand mécontentement du souverain.

En France, on fit aussi à cette époque campagne contre le corset, campagne qui eut pour résultat de rendre les corsets plus flexibles en diminuant le nombre des baleines et la longueur du buse. « Les tailleurs de corps, dit l'abbé Joubert (1773) faisaient des corsets blancs sans baleines et à deux buses. »

Il faut aussi reconnaître avec Bouvier que l'art du tailleur de corps s'était singulièrement perfectionné au XVIIIe siècle. On avait corrigé les grossiers défauts des premiers .corps de baleine; on les avait modifiés pour les femmes grosses, de manière à moins entraver le développement du fœtus ; il y en avait d'autres qu'on portait après