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arrivent tous les jours dans les arts. Il n’y a pas de saltimbanques sans un enfant mystérieux, comme dans les romans et dans les feuilletons, il y en a toujours un… jamais deux ! Évidemment s’il y en a un ici c’est moi ! ça ne peut être que moi !… Est-ce que ma sœur n’a pas été enlevée par un grand seigneur !

CABRIOLO.

Elle a été enlevée… c’est vrai, mais le jeune homme n’a pas laissé son adresse.

PAOLA.

Il lui a fait une position.

RÉGINA.

Qu’en sait-on ? nous n’avons jamais eu de ses nouvelles.

PAOLA.

Justement ! cela prouve qu’elle n’a besoin de rien, sans cela elle se serait adressée à sa famille.

TRÉMOLINI.

Ça c’est une raison.

CABRIOLO.

Voyons, mes enfants, suspendons cette causerie pleine de charmes et ne songeons qu’à notre représentation de ce soir – Où est Zanetta, mon autre fille ?

PAOLA.

Elle est en train d’épousseter les figures de cire.

CABRIOLO.

Elle les époussette !… Très-bien ! Je compte sur leur effet. La princesse de Trébizonde surtout qui vient d’être habillée à neuf. Pendant que Zanetta époussette, toi, Paola, tu devrais bien me raccommoder mon pourpoint espagnol. Il y a des troubles du côté de la manche et des petits crevés qui menacent de grandir.

PAOLA.

C’est bon ! on va raccommoder. (Elle ouvre un de ses poids de 40 qui est en carton. Elle en tire du fil, des aiquilles et une tabatière. — Prenant une prise.) Ah ! j’étais née pour autre chose ! Oh ! le sort des femmes ! le sort des femmes !

CABRIOLO.

Eh bien ! quoi ! les femmes ! Elle se plaignent toujours. Tout ce que je sais c’est qu’avec elles il est du meilleur ton de perdre de l’argent et qu’il est inconvenant d’en recevoir. Je n’ai jamais pu faire accepter cette théorie par mes créanciers. Raccommodons et taisons-nous.

PAOLA.

Eh bien ! non ! j’en ai assez ! je ne raccommoderai plus.

Elle rentre dans la baraque.