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JEANNE.

C’est que, voyez vous, il n’y a pas un clou ici qui ne me rappelle son attachement.

CABOCHON.

Voyons, mamzelle, ne pleurez point comme ça, d’abord ça fait mal aux yeux.

NICOLAS.

Écoutez papa… il n’est pas aussi bête que nous en avons l’air.

CABOCHON.

D’ailleurs votre parrain, je l’ai connu moi, il jouissait d’une bien mauvaise santé le jour de sa mort !

NICOLAS.

Le moulin vous reste, on n’peut pas tout avoir.

JEANNE.

Vous êtes bien bon !

CABOCHON.

N’est-ce pas… c’est pas parce que c’est mon étant, mais vous ne trouverez pas un meilleur mari que cet animal-là… voyez comme c’est planté !… une vraie pousse de haute futaye !… c’est y pas de taille à consoler une femme, fille ou veuve ?

JEANNE.

Oh que oui… d’abord, il est roux, ça me suffit… il était roux aussi, mon défunt parrain… ah ! pauv’parrain ! hi ! hi ! hi !

NICOLAS.

Allons bon ! encore une averse…

CABOCHON, à Jeanne.

Et puis, c’est un bon parti.

JEANNE.

Oh ça m’est bien égal… moi j’tiens pas à l’argent.

CABOCHON.

Et v’s avez raison… (à part.) Sentimentale mais désintéressée… c’est la vraie bru qu’y m’faut !… (Haut.) Allons, allons… nous nous entendrons… je n’sommes pas ennemis d’une aimable tristesse… et tenez, v’là déjà Nicolas qu’à envie de pleurer… mon Dieu oui ! y va pleurer pour vous être agréable.