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préparer la bataille, eussent été employés, directement, à améliorer le sort des humains, cette amélioration aurait marché plus vite. La ligne droite, il me semble, ne cesse pas d’être le chemin le plus court d’un point à l’autre sitôt que l’on entre dans le domaine de la sociologie. La préparation de la bataille est un circuit. Or, un circuit est plus long, en d’autres termes fait perdre plus de temps que la ligne droite.


Personne ne combat pour le seul plaisir de combattre. Tout le monde combat pour améliorer son sort. Or, comme le sort de l’individu, dans les sociétés, ne peut être amélioré que par le perfectionnement des institutions, les luttes dans le domaine sociologique ne peuvent être que mentales. Les sociétés ne peuvent exister que par l’établissement de rapports interpsychiques : par suite, les luttes entre les sociétés ne peuvent s’accomplir aussi que par des procédés interpsychiques. L’homicide, n’étant pas un rapport interpsychique, ne rentre pas dans la catégorie des faits sociaux. L’homicide est un fait présocial. Il est la forme naturelle et inévitable de la lutte entre individus qui ne sont pas encore associés ou que leur conformation organique empêche de s’associer (comme le loup et l’agneau). À un autre point de vue, l’homicide individuel et collectif est anti-social. Il arrête le cours des phénomènes sociaux qui, après la bataille, doivent reprendre leur marche interrompue. L’emploi des procédés biologiques (l’homicide) dans les luttes sociales, loin d’accélérer, ralentit, au contraire, la montée de l’espèce humaine sur l’échelle des êtres. Cela est évident, puisque le progrès humain vient de l’amélioration des institutions sociales et que cette amélioration est, pour le moins, arrêtée pendant qu’on se massacre. Ce n’est pas sur les champs de bataille, mais dans les parlements qu’on a édicté la législation concernant le travail et la protection de l’enfance. Je ne parle même plus des cas où la bataille amène