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sent leurs projets, et, si le monarque les approuve, les mettent à exécution. Dans un état constitutionnel, les ministres doivent soumettre leurs projets au Parlement. Si celui-ci les accepte, les ministres les soumettent encore au souverain, et, son approbation étant obtenue, ils sont obligatoires pour les citoyens. Dans la monarchie constitutionnelle, les mouvements sont plus complexes que dans la monarchie absolue : réunions électorales, meetings de tout genre, élection des députés, voyages des députés à la capitale, déplacements quotidiens des députés se rendant à la Chambre, délibérations en présence des ministres, votes, etc., etc.

Mais tous les mouvements musculaires, dont l’ensemble constitue une institution, sont précédés de mouvements intellectuels. La genèse des institutions est exactement la même que la genèse des actions individuelles. À un certain moment, un homme se représente un état politique encore non existant, par exemple, des institutions parlementaires dans une monarchie absolue. Cet homme accomplit un ensemble de démarches et obtient le résultat désiré. Le pays passe du régime absolu au régime constitutionnel. Ce passage est radicalement impossible si, à un moment donné, le régime constitutionnel n’a pas existé à l’état de représentation idéale et future. Or, une représentation mentale est un ensemble de mouvements cérébraux. Donc, tout mouvement social (toute institution) est nécessairement précédé de mouvements psychiques.

Pour les faits collectifs, ces mouvements cérébraux se compliquent d’un autre élément : la propagande. Il ne suffit pas qu’un seul individu, dans un pays monarchique, conçoive des institutions constitutionnelles et désire les appliquer. Il faut qu’un grand nombre de personnes les désirent : la majorité du peuple, ou, pour le moins, la majorité des classes dirigeantes. Alors, l’inventeur du régime constitutionnel (on me permettra cette expression abrégée) doit commencer d’abord par communiquer ses