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la vie au microbe. C’est exactement la situation du lion et de la gazelle : la mort de la gazelle, dévorée par le lion, fera la vie du lion ; la mort du lion fera la vie de la gazelle. Personne ne contestera qu’entre le lion et la gazelle il y a lutte pour l’existence dans le sens le plus littéral de ce terme. Alors il en est exactement de même de la lutte entre le microbe et l’homme. On voit donc combien M. d’Eichthal se trompe en affirmant que le terme de « lutte » ne peut s’appliquer qu’à un combat où l’on a l’intention de nuire à son adversaire. Il n’en est nullement ainsi. La lutte a uniquement pour but de créer un équilibre vital entre l’organisme et son milieu. Cette vérité se voit de la façon la plus nette dans le phénomène de la respiration. Si l’air avait toujours la composition chimique et biologique correspondant à notre constitution, nous ne ferions pas le moindre effort pour modifier la composition de l’air qui arrive à nos poumons : nous ne lutterions pas, nous nous laisserions vivre dans la béatitude. Mais parce que l’air n’a pas une composition exactement corrélative à notre être, parce qu’il n’y pas d’équilibre complet entre l’air ambiant et notre personne, nous faisons des efforts pour établir cet équilibre, et ces efforts sont précisément une lutte dans l’acception exacte et littérale du terme. Quel que soit ensuite le domaine où nous reprenons la lutte, nous retrouvons les mêmes conditions fondamentales. Le voleur qui veut voler une bourse n’a nullement pour but de nuire au volé, mais celui de s’approprier la bourse. S’il avait seulement le but de nuire, il aurait dérobé la bourse et l’aurait jetée au loin. Mais aucun voleur ne fait cela ; tous gardent les bourses. De même le possesseur de la bourse qui ne l’abandonne pas au voleur ne fait pas cela par haine du voleur, mais par amour de soi. Or, amour de soi signifie désir de bien-être, donc désir d’adapter le milieu à sa convenance. Autre exemple, tiré du domaine collectif. Les Allemands croient utile pour eux de conserver l’Alsace-Lorraine. Ils