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que nous qualifions le plus souvent du nom de hasard exercent sur la transformation des espèces une action beaucoup plus importante que les êtres animés dont le nombre, relativement à l’ensemble des facteurs du monde physique, est assez petit.


J’ai montré, dans le chapitre précédent, que la théorie de la survivance des plus aptes a grandement contribué au succès du darwinisme. Les brutaux y ont trouvé une justification naturelle du vae victis. Mais, quand on y regarde de plus près, on s’aperçoit que la survivance des plus aptes ne résulte nullement de la lutte pour l’existence entre les êtres vivants. On peut soutenir qu’elle résulte plus ou moins de la lutte des êtres contre le milieu physique ; mais cela même n’est pas toujours le cas. En réalité, ce n’est pas le plus apte qui résiste, mais, le plus souvent, le plus heureux.

Et d’abord, que signifie le plus apte ? Si l’on considère le terme uniquement au point de vue objectif, on doit dire que le plus apte est simplement le mieux adapté au milieu. Or le mieux adapté peut avoir les formes les plus primitives et les plus frustes. On observe dans la nature que des organismes d’une extrême simplicité sont répandus sur des espaces énormes et ont vécu, sans mutations sensibles, depuis les périodes géologiques les plus anciennes.

Mais, si nous admettons, objectivement, que les meilleurs sont les mieux adaptés au milieu, à un moment donné, nous ne pouvons plus appliquer ce principe à l’évolution ascendante des espèces. Dans le domaine de la biologie nous ne pouvons pas nous en tenir à des conceptions quantitatives, mathématiques, qui seules peuvent être complètement objectives, nous sommes obligés de nous guider par des conceptions qualitatives. Or, quand on entre dans le domaine du qualitatif, on tombe inévitablement dans la subjectivité. Meilleurs sont les êtres que