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sins, ces rapports hostiles devenaient facilement très aigus. Les relations politiques mutuelles prenaient l’aspect d’une partie d’échecs, où il s’agissait, pour les plus avisés, de saisir habilement le moment opportun pour tomber sur le voisin et l’asservir. »

Encore ici il faut faire la même remarque que pour les deux cas précédents. Aucun témoin n’a assisté, il y a 200.000 ans, à la conduite des tribus humaines. Si donc Ratzenhofer prétend que deux tribus ne pouvaient pas se rencontrer, à cette époque, sans s’exterminer, il prend ce fait dans son imagination, il crée de toutes pièces un roman anthropologique.

Voyons maintenant si ce roman a quelque vraisemblance.

Plus on recule dans le passé et plus l’homme doit ressembler à l’animal. Alors il doit se conduire comme les animaux. D’où vient donc que, lorsque deux bandes de loups se rencontrent, « elles ne se précipitent pas l’une sur l’autre dans un combat d’extermination » ? Et notez que les loups sont des carnivores. Si une bande se précipitait sur l’autre, les vainqueurs pourraient manger les vaincus, ce qui serait un avantage. Mais, pour des fructivores, à quoi servirait le combat d’extermination ? Est-ce qu’il serait livré pour le seul amour de l’art ? Nous voyons que les bandes de singes, par exemple, ne se livrent aucun combat d’extermination, alors qu’elles se trouvent en contact. Ratzenhofer, d’ailleurs, se contredit lui-même. « Les espèces animales les plus voisines de l’homme, dit-il[1], les singes anthropoïdes sont anticombatifs ; ils évitent les relations avec les êtres ennemis et ne deviennent dangereux que lorsqu’ils sont attaqués ou surexcités. »

Mais pourquoi les hordes primitives se seraient-elles livré des combats d’extermination à chaque rencontre ? Aucun animal n’agit sans avoir un but, et l’homme a dû

  1. Sociol. Erkent., p. 133.